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Soirée inaugurale : le discours du Président de l'UNF, Pascal Mutel

Soirée inaugurale : le discours du Président de l'UNF, Pascal Mutel

Mesdames et Messieurs les Présidents, Madame la Secrétaire générale, Monsieur le directeur général,

Chers producteurs, grossistes, formateurs et collaborateurs de l’UNF et de l’ENF, Chers collègues fleuristes,

Chers amis,

C’est une grande fierté de vous accueillir aujourd’hui pour inaugurer le siège de l’Union Nationale des Fleuristes et les nouvelles salles de l’École Nationale des Fleuristes.

Ce moment n’est pas qu’une cérémonie : c’est une étape dans la transformation d’un métier. Nous célébrons ici l’union du passé et du futur, de la main et de l’esprit, du geste et de la pensée.

Depuis 1898, l’Union Nationale des Fleuristes porte la voix des artisans du beau et des entrepreneurs du vivant.

Elle défend une profession essentielle, ancrée dans la rigueur, la création et la générosité.

Dès ses débuts, elle a compris que l’avenir du métier reposerait sur deux piliers : la transmission et la solidarité.

Et c’est de cette conviction qu’est née e, 1957, la première école de fleurs.

Aujourd’hui, cette école est devenue la plus grande d’Europe : un lieu d’excellence, où chaque génération apprend à conjuguer savoir-faire et responsabilité.

Ici, à l’École Nationale des Fleuristes, nous ne formons pas seulement des techniciens de la fleur, mais des artisans du sensible. Des femmes et des hommes capables de comprendre leur époque et d’y inscrire leur geste. Ils viennent de toute la France, parfois de l’étranger. Certains sortent du lycée, de l’université, d’autres quittent une carrière pour se reconvertir. Comme cette promotion de vingt-cinq femmes qui a imaginé les décors que vous admirez ce soir.

Elles incarnent la vitalité du métier et sa capacité à offrir de nouvelles vies.

Cette énergie nous honore. Et elle nous oblige.

Elle nous oblige à regarder le monde tel qu’il est, sans nostalgie ni naïveté.

Les mutations du travail, les attentes de sens, l’urgence écologique, le besoin de transparence : tout cela redéfinit nos métiers.

Être fleuriste aujourd’hui, c’est être au cœur du changement.

Nous devons donc y répondre avec lucidité, méthode et courage.

C’est dans cet esprit que nous avons choisi d’aller chercher la représentativité.

Non pas pour exister davantage, nous sommes depuis longtemps la première organisation professionnelle, mais pour agir mieux.

Car il y avait urgence à s’emparer de sujets tout sauf accessoires.

Ces dernières années, alors que la profession vivait des bouleversements majeurs — dans la formation, dans l’apprentissage, dans les équilibres économiques de l’artisanat —, nous avons constaté que les vrais sujets n’étaient pas toujours portés avec la compétence ni la conviction nécessaire.

Et pourtant, ces sujets conditionnent l’avenir même de nos entreprises.

Les fonds du paritarisme et de la représentativité doivent évidemment continuer à soutenir les concours comme les WorldSkills, qui font briller l’artisanat et éveillent des vocations. Et l’UNF les valorisera toujours, car nous croyons profondément aux savoir-faire et aux savoir-être d’excellence.

Mais nous pensons qu’il est tout aussi urgent de s’emparer de thèmes déterminants : le futur du travail, le changement climatique, la santé des artisans, la responsabilité sociale, la transformation numérique.

Ces questions sont au cœur de notre capacité à durer.

Nous avons trop longtemps été écartés de ces débats alors même que durant la pandémie, nous étions en première ligne pour soutenir les grossistes et obtenir la réouverture de nos boutiques en obtenant « sésame « Commerce essentiel ».

Nous avons donc pris en 2024 nos responsabilités.

Non pas pour diviser, mais pour rassembler. Pour créer un espace de dialogue entre producteurs, grossistes, fleuristes et institutions. Car c’est ensemble que nous pourrons transformer la filière, dans la transparence, la compétence et le respect.

Et cet engagement prend corps ici, dans cette maison.

Ces nouveaux espaces symbolisent ce que nous voulons bâtir : une organisation professionnelle et une école connectée au réel, tournée vers l’avenir, ouverte à la diversité des parcours et des collaborations.

Ici, chaque élève apprend à maîtriser la fleur, mais aussi à maîtriser l’émotion, à comprendre le vivant et à respecter le temps.

Et parce qu’un fleuriste est aussi un entrepreneur, nous formons des chefs d’entreprise responsables. Nous parlons sans tabou de management, de RSE, de marge brute, de coût du travail.

Car former des artisans qui ne peuvent vivre de leur métier dans un monde en mutation n’aurait aucun sens.

L’excellence manuelle doit aller de pair avec la conscience économique et la responsabilité sociale.

Notre filière doit désormais se penser dans sa globalité.

La fleur n’est pas un simple produit : elle est une histoire, une terre, une main, une valeur. Entre une fleur bien cultivée et une fleur mal cultivée, il y a un monde. Celui de la conscience.

Promouvoir la traçabilité, la qualité, l’éthique, c’est redonner à notre métier sa fierté, sa crédibilité et son poids économique.

Soutenir les producteurs exemplaires, encourager les pratiques responsables, et construire ensemble une économie florale durable : voilà notre feuille de route collective.

Et le monde nous y invite. Les grandes maisons du luxe, l’hôtellerie, les institutions demandent désormais des garanties.

Cette exigence n’est pas une contrainte, c’est une chance.

Elle nous pousse à nous élever, à redonner du sens à chaque bouquet, à faire rimer beauté et responsabilité.

L’UNF veut être ce phare dans la nuit : non pas celui qui commande, mais celui qui éclaire. Celui qui montre la route sans jamais perdre le cap.

Enfin, permettez-moi d’évoquer un moment à la fois symbolique et profondément humain : l’inauguration de la Bibliothèque Gilles Pothier.

Gilles, Meilleur Ouvrier de France, Champion du Monde d’Art Floral, transmet aujourd’hui une part de sa mémoire à notre école. Ce don n’est pas un geste anecdotique : il incarne la générosité, la transmission et la continuité d’un métier où l’excellence se partage.

À travers ces ouvrages, c’est tout un patrimoine qui entre ici, et qui vivra à travers les générations futures.

En inaugurant ces espaces, nous n’ouvrons pas seulement des portes, nous ouvrons un avenir. Celui d’une profession unie, responsable, moderne et fière.

Une profession qui ne subit pas le changement, mais qui le conduit.

Cinq mots pour résumer notre feuille de route : Transmission, Responsabilité, Excellence, Unité, Avenir.

Je vous remercie de votre présence, de votre confiance et de votre engagement. Et j’ai maintenant l’immense plaisir de donner la parole à Gilles Pothier, dont la passion et la générosité continueront d’inspirer toute une génération de fleuristes.

Pascal Mutel, Président de l'Union Nationale des Fleuristes